quarta-feira, 25 de novembro de 2009
L'ALBATROS
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers
Qui suivent, indolents compagnons de voyage
Le navire glissant sur les gouffres amers
À peine les ont-ils déposés sur les planches
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons trainer à côté d’eux
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid
L’un agace son bec avec un brûle-gueule
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait
Le poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer
Exilé sur le sol au milieu des huées
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher
Charles Beaudelaire («Les Fleurs du Mal»)
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